Ce travail propose une analyse géocritique de Carta magna de América (1949) du poète chilien Pablo de Rokha. Le titre du recueil de poèmes suggère qu’on se focalise dans les relations entre la poétique rokhienne et la formation et la représentation des espaces américains. La poétique de cette œuvre prend la forme d’un système de création esthétique et d’un système intégral de représentation des espaces alternes substitutifs des espaces néocoloniaux qui dominaient en Amérique Latine dans les années quarante. Également, son système poétique-cartographique est articulé à l’intérieur d’un système des systèmes sémiotique plus vaste. Dans la lecture du recueil, cette particularité permet de démasquer les procès politiques, économiques, sociaux et culturels de l’époque. Ainsi, Carta magna de América doit être compris comme une unité qui conforme un système de référence spatial, créatif, poétique et politique dont ses composants et ses démarches sont étroitement liés. Ce système multiple propose la redéfinition, la réexpression, la réaction, la critique, l’articulation et la reconquête des temps et des espaces humains où sa production s’est faite. Le recueil montre une poétique qui crée le monde et ses frontières avec la parole qui énonce sa voix. Le modèle géocritique d’analyse et interprétation culturelle nous donne une perspective géocentrée des références poétiques et des référents aux espaces américains et chiliens. Notre analyse se dirige vers la compréhension de ces nouveaux espaces de coexistence formulés par les poèmes. La géocritique consent aussi de mettre en relief les processus de décolonisation et d’aperture créatrice et poétique aux multiples représentations du monde et du déroulement du temps.