
Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, dès le départ, par son titre, parle d’un trajet vers une chose: la nuit. Ce cheminement jusqu’au-boutiste ne possède pas un seul voyage, mais des errances vers et dans les territoires différents. Loin d’être romantique ou solitaire dont l’âme est en diapason avec le paysage, le voyageur du roman est toujours en présence conflictuelle de quelqu’un ou d’une communauté. Par ailleurs, son trajet a pour objectif non pas de découvrir les cadres humains pour s’y intégrer mais de fuir la localité idéologique existante. On dirait qu’il effectue son voyage pour ne pas appartenir à une localité précise et stationnaire. Fuyant un cercle idéologique, quel qu’il soit, il se trouve en contact maximum d’une nouvelle idéologie. C’est dans cette perspective qu’il faut tenir compte du sens du voyage même lorsque le personnage principale, narrateur, cesse de se déplacer d’une géographie à l’autre, tout en s’installant en banlieue parisienne. Son identité en tant que voyageur errant, sa place paratopique au sein du cadre social (un va-et-vient hésitant entre l’appartenance et la non-appartenance à une clôture idéologique) et sa marginalité persistent.